Académie musicale de Blois

Programme des concerts 2006

mardi 14 mars 2006 par Patrice Vanneufville

Voici un peu en vrac les œuvres qui seront jouées cette année en concert à l’Ecole Nationale de Musique de Blois :

Igor Stravinsky (1882 - 1971)
 Pétrouchka

Une fois l’Oiseau de feu terminé et avant de commencer le Sacre du printemps Igor Stravinsky, retiré sur les bords du lac Léman à Clarens en Suisse, eut l’idée d’écrire un concerto pour piano et orchestre, une sorte de combat entre le solo et le tutti qui se conclurait par la victoire de l’un et de l’autre :

 « En composant cette musique, j’avais nettement la vision d’un pantin subitement déchaîné qui, par ses cascades d’arpèges diaboliques, exaspère la patience de l’orchestre, lequel, à son tour, lui réplique par des fanfares menaçantes. Il s’ensuit une terrible bagarre qui, arrivée à son paroxysme, se termine par l’affaissement douloureux et plaintif du pauvre pantin. Ce morceau bizarre achevé, je cherchai pendant des heures, en me promenant au bord du Léman, le titre qui exprimerait en un seul mot le caractère de ma musique et, conséquemment la figure de mon personnage. Un jour je sursautais de joie. Pétrouchka ! l’éternel et malheureux héros de toutes les foires, de tous les pays ! c’était bien ça, j’avais trouvé mon titre ! »

(Igor Stravinsky, Chroniques de ma vie, Denoël, Paris, 1962, pp. 54-55).

Pétrouchka équivaut en Russie à notre Polichinelle, marionnette qui a divertit petits et grands par ces farces impitoyables. Le nom commun signifie le théâtre de marionnettes, souvent situé dans une petite baraque fermée où se déroulaient les spectacles de guignol russes. Ce ballet représente le premier grand triomphe des Ballets russes de Serge Diaghilev, présenté pour la première fois le 13 juin 1911 à Paris.
Ce qui allait devenir la musique de Pétrouchka n’avait donc au départ aucun lien avec ce ballet. Bousculant une tradition séculaire, la chorégraphie fut ajoutée à la musique. La musique ne sert plus la danse, mais lui commande.
En rendant visite à Stravinsky, Diaghilev entrevit les possibilités chorégraphiques de la partition du compositeur et prit l’affaire en main. Il fit appel à Benois, grand connaisseur du folklore russe, qui produisit un scénario remarquable à deux niveaux. Il met en scène un petit drame de marionnettes : Pétrouchka aime la Ballerine, qui aime le Maure. Il y ajoute des scènes d’une grande précision, inspirées des foires de l’ancienne Semaine grasse russe.

Igor Stravinsky (1882 - 1971)
 L’Histoire du Soldat

Stravinsky a été rendu célèbre au début des années 1910 par ses grands ballets (le Sacre du Printemps, l’Oiseau de Feu, Petrouchka) composés pour Diaghilev et sa fameuse troupe de danseurs, les Ballets Russes. En 1914, de retour d’un voyage dans sa Russie natale, le compositeur se trouve bloqué en Suisse par le déclenchement de la grande guerre. Le poète suisse Ramuz lui propose alors d’écrire une pièce avec lui, en se pliant aux contraintes imposées par la situation : deux ou trois personnages, et peu d’instruments, le spectacle devant pouvoir se jouer sur des tréteaux et en extérieur.

Stravinsky s’y emploiera avec génie, et composera sur le texte de Ramuz la plus célèbre pièce de théâtre musical : l’Histoire du Soldat. Le climat instrumental est proche de celui du cirque et des musiciens ambulants, avec de savoureux détournements des musiques en vogue à l’époque : tango, ragtime, et jazz des débuts. Le texte, écrit dans un style qui tient à la fois du poème et du conte, n’est pas chanté mais parlé. Depuis sa création, la pièce fut jouée régulièrement, avec à l’affiche de grands noms du théâtre (Jean Cocteau, par exemple, à Genêve en 1934). Marquante, originale, poétique et tranchante, l’Histoire du Soldat retrace le combat grinçant (et perdu d’avance ?) d’un soldat naïf, détenteur d’un très précieux violon, avec... le Diable lui-même !

Jean-François Verdier

Claude Debussy (1862 - 1918)
 Sonate pour violoncelle et piano (1915)

Maurice Ravel (1875 - 1937)
 La Valse, pour piano à quatre mains

Gabriel Fauré (1845 - 1924)
 Trio pour piano, violon et violoncelle en ré mineur op.120

Allegro ma non troppo
Andantino
Allegro

Joseph Horovitz (1926)
 Sonatine pour clarinette et piano (1981)

Allegro calmato
Lento, quasi Andante
Con brio

La sonatine pour clarinette et piano est interprétée pour la première fois le 12 mai 1981 au Wigmore Hall de Londres par l’ami de toujours, Gervase de Peyer, et Gwenneth Pryor au piano. Cette œuvre dénote une forte influence du jazz bien qu’elle respecte le plan de la sonate classique.
L’allegro initial, en son début instaure un climat léger et spontané rendu par une écriture très fluide pour les deux instruments. Une courte série d’accord introduit le second thème, plus apprêté, dont le développement induit une grande instabilité rythmique.
Composé en deux heures, au fil de l’inspiration, le deuxième mouvement de forme A-B-A, situe au plus juste la filiation esthétique de Joseph Horovitz. De la courbe mélodique, longue et soutenue, naît la libre expression d’une émotion aux couleurs du blues.
Issu de la même veine, le finale ne tient à la tradition classique que par sa forme rondo.
Très influencée tant d’un point de vue mélodique que rythmique par le jazz mais également par d’autres musiques populaires, jouant sur la diversité métrique, les effets de trilles et de glissandi et surtout sur l’accentuation, cette sonate insuffle au cœur de l’interprète comme de l’auditeur une irrésistible joie de vivre.

Les Musiciens : Yves MONCIERO, violon - Eliane LEBLANC, violoncelle - Joël SCHEMER, clarinette - Patrice VANNEUFVILLE, Roger COHEN et Marie-Catherine LEBLANC, piano.



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